La journée a été venteuse et nuageuse. Il ne faisait pas vraiment chaud à l’ombre. Cela se rapporte au climat comme à moi-même.
Hier soir, les prémices d’un mariage, suivis des aboiements virulents d’une horde de chiens ont raccourcis ma nuit. J’ai en profité pour lire et écouter de la musique. Ce matin, Cerise était câline et j’en ai profité. Nous sommes allés déjeuner, nous sommes lavés, puis avons joué devant le cottage. Au réveil déjà, j’étais angoissé, je ne savais pas où nous allions aller en partant d’ici. J’ai regardé les différentes solutions sans en trouver de vraiment agréable. Plusieurs options s’offrent pourtant. Ensuite, nous sommes partis vers la ville. Cerise a décidé d’aller au parc pour enfants. Elle y a fait un tour de moto, puis de tortue sur l’eau, a profité du toboggan, puis nous avons encore joué un moment à la princesse. Ensuite, je voulais aller réserver notre billet de train. Trente minutes de queue pour ne rien obtenir. Je sais juste que je ne peux acheter le billet que jusqu’à Mettupalayam et qu’après, il faudra recommencer. En même temps, cela nous laisse du temps pour nous décider quant à la suite. Pendant que je patientais dans la queue, Cerise dansait sous la blanche moustache ébahie du chef de gare. En quittant la gare, j’ai pris Cerise dans mes bras, je lui ai dit que je n’avais pas de force, que je me trouvais nul, incapable de profiter et que j’avais envie de rentrer à la maison. Elle m’a répondu que non, j’avais quand même beaucoup de force et que je n’étais pas nul. Et qu’elle aussi aimerait rentrer à la maison. J’ai écris un message à Caroline pour lui demander s’il nous était possible de rentrer plus tôt et combien cela coûterait. Je suis partagé. Le voyage implique un travail sur soi, des moments désagréables, comme de grands bonheurs. Il nous demande autant qu’il nous donne. Si je suis prêt à l’assumer, certes bien moins qu’avant, je ne suis pas seul cette fois. Aujourd’hui, j’ai envie de profiter de faire de la peinture avec Cerise, de faire un gâteau, pas de me balader sous le soleil et d’être impuissant quand on lui pince les joues toutes les cinq à dix minutes dans la rue. Pas de passer des heures dans des transports publics, si beaux que soit les paysages. Je dois avouer encoresol que si je suis devenu passionné de l’Inde à ma première visite, je ne partage pas cet enthousiasme aujourd’hui. Je n’ai rien à faire ici, ma vie est ailleurs. Je saurais profiter de ne rien faire, de lire, et d’écrire. Et ma petite alors, qu’est-ce qu’elle fait, elle profite de regarder Chota Bheem à la télé ?
Nous avons pris un rickshaw pour un café européanisé dans lequel j’ai mangé un gros sandwich végétarien. Ensuite nous sommes rentrés en achetant des raisins, des bananes, une pomme.
Il fait déjà frais ce soir et la télévision ne fonctionne pas. Cela n’aide rien, d’où vient cette fatigue, cette faiblesse actuelle, de ma lecture, de la courte nuit, d’un manque de protéines, d’un manque de liberté solitaire, puisque je suis constamment accompagné de Cerise et de son regard différent, souvent enrichissant et parfois lassant ?
Je prévois de me coucher tôt et de voir demain si tout va mieux, si je retrouve la capacité de m’émerveiller.
21h01
J’ai passé un long moment avec Cerise pour son coucher, je suis plus apaisé et me sens plus confiant. J’ai moins besoin de connaître la suite des événements, tout en me réjouissant de quitter ce trou ou plutôt cette montagne.