Ce matin, j’avais envie de changer de chambre. L’espace sous la porte qui menait chez nos voisins, l’absence de personnel pour me donner des informations, le wifi qui ne fonctionnait que dans l’endroit infesté de moustiques. Nous avons pris un rickshaw pour un autre hôtel et obtenu une chambre moins chère, pas plus grande et dans un architecture plus traditionnelle kéralaise. Les Kéralais sont par ailleurs le premier peuple à avoir élu démocratiquement un gouvernement communiste en mille neuf cent cinquante sept et le reconduisent depuis. Bien leur en a pris, puisqu’ici, il n’y a pas de mendiants, pas de misère apparente. Il s’agit de l’état le plus socialement avancé de l’Inde, d’après les économistes locaux. Le taux de mortalité infantile est d’un cinquième de la moyenne nationale et l’espérance de vie de dix ans supplémentaires ! Nous sommes partis ensuite à la recherche d’une casquette pour moi et d’un cordonnier pour les sandales de Cerise (encore !). J’ai effectué une brève visite du temple principal, avec des portes-bougies dégoulinants d’huile, une statue aux yeux exorbités couvertes de fleurs. J’y ai observé des offrandes en échange de bénédictions de pigments et fleurs sur papier journal. Dans la vaste cour du temple trônait quelques autres autels et au centre, plusieurs personnes décomptaient les offrandes. Puis nous sommes allés à la mer, sur une très belle plage, à l’extérieur de la ville. Cerise y a ramassé des coquillages. Nous nous sommes reposés un moment dans notre chambre au retour, avant de partir acheter des habits brillants, souvenirs pour Alice et Lea. Je suis ensuite allé chez le barbier. Après m’avoir rasé avec une belle lame, le beau moustachu m’a fait un massage de la tête. Ensuite il m’a proposé un massage du visage et j’ai dit d’accord, je ne profiterai pas des massages ayurvédiques du cru, alors au moins un petit massage de Barbier. J’ai constaté en cours de route, et aussi lors du paiement, que j’ai eu droit à un soin du visage complet, digne je pense d’une esthéticienne, par un beau moustachu avec un point rouge et jaune sur le front. Acheté une nouvelle robe pour Cerise et retour à l’hôtel juste à temps pour partir au cinéma. En chemin, Cerise a vu un temple hindou tout coloré qu’elle a envie de visiter demain ! Jusque là, elle refusait de les visiter. Le cinéma était obscur et défoncé. Du balcon, nous voyions la salle aux sièges réellement démolis. Pas par une usure commune, non, elle semblait avoir connu une émeute meurtrière. Le film « Spanish Masala », en malayalam, devait être drôle, puisque le public clairsemé riait, par contre pas trace des danses recherchées. Cerise s’est dit ennuyée assez rapidement et nous sommes partis dessiner et écrire à l’hôtel. Pourtant j’étais heureux de me trouver dans ce cinéma à ses côtés, comme je me suis senti heureux quand elle était abandonnée sur mes genoux dans le rickshaw, ou sur mes épaules cet après-midi.