Cerise au Kerala
 

Kannur, 27 février 2012, 22h19

 

 

Nous avons bien dormi et nous sommes levés tard ce matin. Nous avons pris une douche et paqueté nos affaires. Cerise a pris son sac Dora pour porter elle-même quelques objets. Nous avons déjeûné au café Del Mar, très proche de l’hôtel et j’ai profité de leur wifi pour mettre à jour le site temporaire que je fais pour les amis qui veulent se tenir au courant ou participer un peu au voyage avec nous. J’ai décidé de profiter de ce voyage pour tester : être végétarien. C’est un bon pays pour essayer car il regorge de solutions pour les végétariens qui sont nombreux et que je ne suis pas toujours sûr de la qualité de la viande. Omelette épicée avec un chaï pour moi, et tartines avec un shake vanille pour Cerise. Nous avons ensuite marché jusqu’à l’endroit où le bus nous avait déposé l’autre jour, en venant de l’aéroport. Je souhaitais y trouver un bancomat. Les personnes que j’ai questionné m’ont renvoyé ailleurs. Sur le chemin de cet ailleurs lointain, une banque s’est présentée qui m’a craché dix mille roupies depuis ma carte raiffeisen sans difficulté aucune, alors que celui trouvé hier soir, refusait même ma visa… Retour à l’arrêt de bus. En une question, nous avons trouvé un bus qui se rendait à la gare ferroviaire. Enfin presque … Trois roupies. Et un vrai bus, plein de vie, où les femmes s’asseyent à l’avant et les messieurs à l’arrière. Un bus dont les suspensions ont rendu l’âme il y a longtemps déjà, qui saute haut à chaque bosse. C’est peut-être la raison pour laquelle le femme se tiennent à l’avant, une seule de ces impressionnantes secousse pouvant certainement provoquer un accouchement. Ce bus donc respirait la vie, la vraie vie et pas la vie aseptisée d’un bus à touristes. Les odeurs, les conversations, les comportements.  Je me disais justement tout cela quand Cerise m’a dit qu’elle trouvait ce bus rigolo. C’est comme cela que j’aime voyager.
Le bus nous a déposé à près de trois kilomètres de la gare ferroviaire, ce qui n’est pas mal, tout en étant pas attendu. Nous avons marché et demandé notre chemin parmi un traffic dévergondé en cherchant l’ombre d’un soleil écrasant. Cerise a fini son trajet sur mes épaules.
Nous avons fait la queue pour acheter le billet d’un train qui  partait trente minutes plus tard pour notre destination. Bien eu raison de ne pas nous stresser ce matin.

Si beaucoup de choses ont changé depuis ma dernière visite en Inde il y a treize ans, les trains, eux, n’ont pas bougé. Enfin, les mêmes continuent de circuler, plutôt. J’ai ressenti comme un petit choc en entrant dans le compartiment, un air de déjà vu et une baffe de souvenirs, de différentes qualités.
Le trajet s’est bien passé. Cerise et moi, nous étions préparés à y consacré notre journée. Je me réjouissais de voir défiler des paysages variés. J’ai eu peu déchanté, les bords de rails se ressemblent tout au long du trajet de Kochi à Kannur. Je me suis lassé des cocotiers, rizières, bœufs, oiseaux blancs et oiseaux noirs, terres brûlées, poubelles, des odeurs de feu, d’herbe fraîchement coupée, d’égoût et j’ai pu concentrer mon attention à Cerise qui ne s’y est intéressé, elle, qu’au coucher du soleil. Elle s’est alors couché sur moi et j’ai ressenti, comme au matin dans le bus, ce bonheur débordant. Je ne connais pas de plus grand bonheur que sentir l’abandon de ma fille sur moi, un mélange de confiance et de tendresse, de sécurité et d’amour. Sa peau, son poids, sa moiteur, ses déplacements, ses murmures, ses mots, ses cheveux dans ma bouche, la teinte de ces mêmes cheveux, sa jupe à fleurs, ses pieds sales.
Elle a ainsi pu constater avec moi, qu’au dernières heures de la journée, les jeunes profitent pour s’amuser et que dans cette région, il y a autant de joueurs de football que de cricket. Le coucher de soleil sur les cocotiers avaient un goût de Goa vieux de treize ans et laisse envisager des soirées magnifiques que je me réjouis de partager avec Cerise.

Quelques jeunes dans le compartiment devant nous se rendaient à Goa justement, certainement pour y faire la fête. Ils étaient motivés et fougueux, chantaient. Et bien sûr, ils étaient attirés par Cerise, qui manifestait son raz-le-bol de son statut de star dès le matin. Après Kozikhode, ils ont rejoint notre compartiment pour causer avec moi et surtout pour une séance de photos avec Cerise. Elle s’est gentiment laissé apprivoiser. Ils étaient drôles ces jeunes. Comme métier, je leur ai dit que je m’occupais de méchants garçons. Un des leur était policier. Je lui ai dit qu’alors il fumait de la ganja. Oui, oui, c’est la même chose dans le monde entier, les policiers attrapent les fumeurs de joints et fument ce qu’ils ont confisqué. Hilarité générale. Finalement Kannur est presque arrivé trop tôt, le voyage commençaient à s’emballer et nous avions une heure trente d’avance sur le planning !

Bizarre ambiance à la gare de Kannur, aucun rickshaw-wallah ne voulait nous emmener à la Governement Guest House. Nous avons erré un peu, à la quête d’un rickshaw. D’habitude, ce sont eux qui nous courent après ! Nous avons trouvé un endroit officiel pour taxi et rickshaw et le chauffeur nous a emmené à ladite guest house. J’ai demandé à mon ange gardien de nous y garder une chambre. Au même moment, Cerise m’a dit : c’est bien, papa, la chambre elle nous attend déjà, elle est prête pour nous. Pourtant la pension était pleine. Notre chauffeur adorable a cherché avec nous, un endroit dont le prix serait abordable pour nous. Finalement après plusieurs échanges avec des locaux, j’ai sorti mon lonely planet qui présentait un autre endroit près de la plage à un prix supportable. C’est un vrai hôtel, avec chiotte à l’européenne, eau chaude, télévision, ascenceur, room service, téléphone, et même un décrochement avec table et fauteuil qui donne sur la mer. Ce devait être celle-là notre chambre. J’ai du négocier ferme le prix, tout en devant concéder que je n’avais pas beaucoup d’autres endroits où aller, qu’il faisait nuit et que nous étions fatigués.

Une bonne douche nous a requinqués tous les deux et Cerise peine même à s’endormir maintenant, elle a sa tête posée sur mon sein gauche, pendant que j’écris, couché sur le lit, l’ordinateur sur mes genoux. Cartoon network n’a pas suffi à l’assoupir.

Demain, c’est grève générale dans tout le Kerala, nous resterons dans cet hôtel plusieurs jour, le temps de bien profiter de la mer, des blocs le long de la plage.

 
 

 

 
     
 
       
       
       
       
       
       
       

 

 

 

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