Cerise au Kerala
 

Kalpetta, le 1er mars, 18h45

 

 

J’ai posé mon sac à l’avant du bus, près du moteur, pendant que quelqu’un piquait la place que nous nous étions attribués. Nous sommes allés nous asseoir à l’arrière, puis sommes revenus prendre la place à côté du quelqu’un, le serrant bien. Ce n’était pas très confortable et nous avons fini par nous installer sur le banc, à côté de notre sac et du moteur.
Les paysages qui défilent m’hypnotisent, comme le feu. Tout deux répètent des plans incessamment, sans jamais être identiques. Les paysages étaient cette fois très varié. Soudainement, le bus a commencé à gravir péniblement des routes en réparations artisanales. Les éternels cocotiers, ont fait place à d’innombrables théiers, présentant des paysages tachetés. Ces théiers poussent dans toutes les pentes, par arbustes qui s’étendent formant comme des pois vert sur la terre orange. Quelques plantations de bananiers, une plantation de cannabis. Puis sur le plateau, près de Mananthavadi, des rizières et des pâturages. Hypnotisé, je n’ai absolument pas anticipé la durée du trajet, censé durer trois heures et comptant finalement cinq heures trente. Cerise, elle, s’est assez rapidement affalée sur moi. J’essayais de l’intéresser aux paysages en lui parlant des fleurs.
Nous formons un couple encore plus détonnant dans cette région plus rurale, plus reculée ou moins visitée. La ruralité est une manière de voir les chose, Mananthavadi, comme Kalpetta et Sulthan Bathery abritent chacune plus de vingt mille âmes et les quelques kilomètres qui les séparent sous parsémés de villes et de villages très animés. A Kochi et Kannur, les premières questions destinées à Cerise (Hello Baby, what is your name ?) étaient suivies de : Mother where ? Ici, pas de questions, des regards, de tous les contrastes, de toutes les luminosités. J’y vois souvent du questionnement, de l’incompréhension. J’ai demandé à Cerise d’être plus gentille avec les gens ici, même si elle en a marre d’être une bête de cirque. Elle fait un effort, dit aurevoir avec la main.
Nous avons trouvé une chambre et posé notre sac, j’ai pris une brève douche froide, avant d’affronter la ville pour y trouver à manger et des sandales pour Cerise (les siennes sont à la limite de la rupture) et pour moi (elles vont tenir encore un peu). Au coin de la rue, une « boulangerie » nous a rassasié et nous avons rapidement trouvé des chaussures aux pieds de Cerise. Des sandales de princesse, avec de petits talons plats, qui faisaient briller Cerise. Nous avons continué le shopping, j’ai acheté une balle de cricket, des médicaments ayurvédiques et un beau costume indien pour mademoiselle. En rentrant, nous avons provoqué l’hystérie en passant par le carré des bouchers et poissonniers, qui voulaient tous être pris en photo et manifestaient bruyamment leur plaisir de nous voir. Le système de caste semble plus présent en « campagne ».
Les chaussures la blessent déjà à plusieurs endroits et l’habit est trop petit. C’est la crise dans la chambre, nous allons essayer de réparer tout cela. Je me faisais justement la réflexion qu’elle n’avait encore pas fait de crise depuis que nous sommes partis.
La réserve naturelle pour laquelle nous sommes venus ici, afin d’observer des animaux sauvages a été fermée aujourd’hui à cause de trop nombreux feux. L’hôtel nous propose un circuit alléchant demain en remplacement, si nous sommes assez pour que ce soit rentable.
Le vendeur nous a donné un autre costume plus grand qui convient à Cerise qui l’a immédiatement revêtu avec fierté pour déambuler dans la rue principale, à la recherche d’un café internet.

J’aime beaucoup le hochement de tête délicat des Indiens, je le fais moi-même avec plus d’aisance et de plaisir chaque jour.

 

 

 

 
 
 

 

 
            
 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

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