Cerise au Kerala
 

 

 
Udhagamandalam, le 4 mars 2012, 19h11
 

J’ai déjà dit plusieurs fois que l’Inde est le pays des possibles, du lien entre les pensées et les actes. Nulle part ailleurs aussi fort qu’en Inde se produisent les choses auxquelles on pense. Je me rappelle avec croisé sur le chemin un Italien à Hampi dont la compagnie m’attirait et qui était justement venu me chercher, et une foule d’autres anecdotes. L’autre jour je parlais travail dans la jeep avec l’Allemande de mon boulot. Son copain est éducateur. Je lui disait être prêt à changer, lui ai expliqué qu’une adresse avait mon contact et m’appellerait certainement quand il y aurait un poste à repourvoir. Elle m’a dit que l’Inde signifiait souvent changement. La dernière fois que je suis venu ici, quels changements sont intervenus dans ma vie ! Alors que je voyais l’Inde s’être développée et avoir perdu une part de sa magie, la voilà qui revient. L’Allemande m’a dit que peut-être avaient-ils déjà appelé. Je lui ai dit que j’avais checké mes mails la veille et que du coup cela m’étonnerait. Et pourtant !
Je suis épaté comme Cerise s’acclimate ici. Elle n’a pas peur de la saleté (dit quand même qu’ils ne devraient pas jeter leurs déchets comme ça par terre), aime des chambres vieillottes par qu’il y a des fleurs dessinées sur le drap et n’a peur de personne. Elle grimace à qui elle veut. Par moment, ils m’emmerdent aussi certains de ces Indiens, à m’accrocher le bras, à demander pour une photo. Je leur explique que trop de monde veut la prendre en photo et qu’elle se sent comme un singe. Certains comprennent, certains insistent. D’un côté, c’est admirable, cette ouverture à l’autre, à l’inconnu, à l’inhabituel, ils pourraient aussi faire la gueule à ce demander ce qu’elle fait là, à se dire que cela ne se fait pas de voyager à cet âge. Cerise aimait bien notre dernière chambre, car il y avait des fleurs sur le drap, les coussins et la couverture était douce. Moi, je n’y étais pas trop à l’aise. Avec le prix, le personnel. Rien de concret et je n’en ai d’ailleurs pas besoin. Surtout pas ici. Nous sommes donc parti ce matin, après nous être lavés à l’écuelle depuis un bidon, à la recherche d’un meilleur endroit, à la recherche de l’endroit conseillé par les Allemands, qui affichait complet quand j’avais appelé. C’était plus loin que prévu. Une fois arrivé, Cerise une nouvelle fois sur les épaules parce que, entre autres, ses sandales ne lui tiennent plus correctement aux pieds, nous avons visité plusieurs chambres, un cottage privé, une chambre en bungalow que nous avons choisis. Je voulais prendre un rickshaw pour aller chercher nos affaires, mais n’en ai pas trouvé. Un chauffeur de jeep voulait deux cent cinquante roupies pour l’aller-retour. Un peu plus loin, une voiture s’est arrêtée pour nous embarquer. C’était le taxi pris par la famille que nous avions salué peu avant. Le petit enfant ayant un chapeau panda avait intéressé Cerise qui avait consenti plusieurs signes. Cette famille nous a donc emmené gratuitement jusqu’à notre hôtel. Sur le chemin du retour, j’ai compris que les chauffeurs de rickshaw étaient en grève aujourd’hui. Le même chauffeur de jeep qu’auparavant s’est arrêté et à finalement consenti à nous amener à la YWCA (Young Woman Christian Association) pour les trente roupies que je lui offrais déjà avant. Apparemment l’argent n’a pas la même valeur ici, dans la station d’été qu’en plaine. La chambre que nous avions retenue n’était en fait pas libre avant demain et nous logeons ce soir dans un cottage privé pour l’équivalent de 18 francs. Un grand espace à l’extérieur, avec des fleurs ( !), un salon avec télévision, une grande chambre et une salle de bain immaculé comme la conception. Cerise n’était pas contente elle voulait l’autre chambre avec les fleurs sur les rideaux (comme dans le cottage d’ailleurs), elle ne voulait pas de salon à côté de la chambre, elle n’ira jamais dans ce salon. Je le lui fait remarqué à l’instant et elle me répond qu’elle a réfléchi et changé d’avis ! Le cottage n’était pas encore propre, nous y avons laissé notre sac et sommes parti vers le centre ville en quête de nourriture. Nous sommes monté à l’étage dans un restaurant végétarien qui nous a présenté une carte fournie. Lors de la commande, ils n’avaient que les trois premières propositions, des déjeuners. J’ai commandé une sorte d’omelette aux pommes de terre. Cerise en a goûté et même apprécié la sauce. Ensuite, nous avons acheté du chocolat et sommes allé faire une bonne session d’Internet durant laquelle nous avons parlé à Hélène et Lea que nous avons d’ailleurs réveillées. Le propriétaire de l’endroit était à nouveau méfiant quand à l’utilisation de mon propre portable. Il a tout à coup annoncé que c’était l’heure de fermeture ? On verra s’il nous acceptera demain quand nous y retournerons car sa connexion était très bonne. Cerise voulait toujours allé faire du bateau. Je lui ai acheté de nouvelles sandales, dont certaines parties s’allument quand elle marche. Nous ne l’avions pas constaté avant et impossible de revenir en arrière du coup ! Je lui ai expliqué de le hangar à bateau était loin et qu’il faudrait qu’elle marche pour y aller. Que demain les rickshaws fonctionneraient à nouveau. Elle a décidé de marcher, heureuse avec ses nouvelles sandales qui sont clairement mieux que les dernières. J’ai demandé au vendeur d’évacuer les sandales roses cassées que nous avons pris depuis la Suisse et il m’a dit de les jeter dans la rue, que quelqu’un les y prendrait. S’en est alors suivie une longue et paisible marche dans la ville pour rejoindre la gare. Son guichet venait de fermer et devrons y retourner pour acheter notre billet. Nous avons continué notre chemin le long du lac jusqu’au complexe très fréquenté ce dimanche. Cerise a dévoré un épi de maïs. Nous avons passé trente minutes en pédalo sur le lac vert dans lequel on en voyait pas à 10 centimètres. Cerise était très contente. Ensuite nous avons flemmé à l’ombre un moment et discuté avec un couple de Chennai. Nous avons visité de Thread Garden en repartant. Un espace de quatre fois quarante mètre dans lequel sont présentées cent cinquante variétés de fleurs du monde entier. Des fleurs artificielles cousues. L’ensemble a demandé soixante millions de mètres de fil cousus par cinquante spécialistes durant douze ans. Un truc de fous, insensé, un peu comme le palais du facteur cheval. Quoique pire peut-être parce que le résultat est représentatif et peut-être imité à moindre effort. En effet, on ne recherche pas à montrer les lignes des fils, mais à ce que les fleurs aient l’air vraies. C’est d’ailleurs très réussi. Un truc étrange donc, dont je ne pouvais que saluer le travail et sa qualité, sans en comprendre l’engagement. Cerise, de son côté, était finalement ravie de voir des fleurs et se moquait totalement qu’elles n’était pas vivantes et qu’il avait fallu beaucoup de travail pour les faire. Nous avons sauté dans un bus pour rejoindre la ville, bu du chaï (chacun un) et mangé de la courgette frite. D’habitude, ce sont des bananes frites qui se présentent de cette manière et Cerise n’en veut pas. Aujourd’hui elle en voulait et c’est seulement pendant qu’elle la mangeait que j’ai constaté que c’étaient des tranches de courgette à l’intérieur. Je lui ai dit que ce n’était pas de la banane, et elle m’a dit qu’on dirait de la banane quand même. Pour ceux qui ne le savent pas, Cerise n’aime et ne mange pas de courgette. Nous avons encore acheté des raisins et de petites bananes, puis nous sommes rentrés tranquillement dans notre cottage. En allant chercher la clé à la réception, j’ai entendu des chants religieux. J’ai pris ma clé à la réception, où la dame de service était concentrée, le visage dasn ses mains jointes. En redescendant, je suis entré dans la salle où avait lieu la messe. La prêche extasiée en tamoul dans une salle remplie et dénuée de vouivre n’a pas réussi à me retenir longtemps. J’ai préféré déguster les fruits dans les rayons du soleil couchant avec ma petite Cerise à laquelle j’ai pu donné toute l’attention que je souhaitais aujourd’hui. Elle a trouvé une histoire de fées à la télévision qui fera office d’histoire pour ce soir.

Les fiches électriques ici ne sont pas les mêmes qu’au Kerala voisin. Mon adaptateur m’est utile pour la première fois. Ici, à deux mille deux cent quarante mètres d’altitude, il ne fait plus que trente degrés la journée. Cela peut paraître ridicule, pourtant ma peau le ressent à travers mes habits. Quand le soleil se couche par contre, la température descend rapidement jusqu’à douze degrés et il est temps de s’habiller. L’électricité est coupée de dix heures à midi et de seize à dix-huit heures. Ceux qui en ont les moyens ou le besoin s’offrent une génératrice.

 
 
 
 

 

 
            
 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

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